LA SOLIDARITÉ ÉPHÉMÈRE
Nous avons été américains le 11 Septembre 2001
Nous avons été Charlie le 7 janvier 2015
Nous avons été Australien en 2019
Nous sommes solidaires lors des grandes catastrophes naturelles, les tempêtes, les inondations, les tsunamis, les incendies.
Nous sommes solidaires,face à ce virus qui nous frappe aujourd'hui. Nous applaudissons aux fenêtres de nos appartements, pour rendre hommage aux soignants.Nous proposons notre aide aux plus démunis. NOUS SOMMES CAPABLES DE TANT DE BELLES CHOSES!
Et pourtant. La planète étouffe et l'humanité agonise.
Nous ne sommes pas responsable. C'est la faute du COVID-19. Alors que nous sommes victimes de notre propre comportement passé.
Le drame qui se joue aujourd'hui offre une bouffée d'oxygène à notre terre. Le bon sens voudrait que l'on ne reparte pas "comme avant", que l'on tire de toute cette détresse,une leçon de sagesse écologique. Il est fort à parier qu'il n'en sera rien.
Les politiques parlent déjà de relance économique, celle qui est justement entrain de nous tuer. Nous sommes tombés de vélo et nous repartons de plus belle, la tête dans le guidon. Nous nous écraserons inévitablement contre le prochain mur que nous ne verrons pas arriver.
L'homme est têtu. A peine sortis de notre confinement, nous oublierons vite. Comme nous le faisons à chaque fois. Envolée l'empathie et la solidarité! Nous redeviendrons des gosses mal éduqués, des enfants gâtés. Nous mépriserons les gilets jaunes, ces insupportables pauvres, qui nous empêchent de nous déplacer, nous n'aurons que faire de la déforestation et nous nous précipiterons pour acheter des pots de nutella en promotion, nous referons des crédits pour acheter des voitures, nous nous disputerons le dernier robot dans les hypermarchés, nous nous bousculerons aux portes des magasins les jours de solde,nous jetterons notre vieux téléphone acheté six mois plus tôt, nous ressortirons nos fusils de chasse, nous torturerons les taureaux dans les arènes, nous continuerons à assassiner au nom des religions. Bref nous retrouverons notre barbarie.
Le virus nous a fait mettre un genou à terre. Il nous faudra une autre catastrophe pour nous contraindre à y mettre les deux ...et demander pardon.
Alors n'oublions pas!
Véronique Lehoreau
